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Samedi 2 janvier 2010, Besançon  

 

Une année qui passe encore... L'impression qu'on n'aura jamais le temps, - de faire, de comprendre.... 

 

Comprendre on pourrait dire que je commence un peu. Comprendre l'homme, cet animal curieux qui s'embarrasse bien avec son super cerveau alors que ses comportements restent et resteront toujours je crois, celui de l'animal qu'il est, qu'il restera. Et il est très curieux que tous les cultes religieux, les plus sophistiqués d'apparence, les plus humains d'apparence, reprennent pour eux les pires instincts  que l'homme puisse garder dans son inconscient... Voilà pourquoi ces religions, qui peuvent parfois aboutir à une civilisation modérée, dès que les rapports sociaux se tendent, conduisent l'homme aux pires atrocités.

 

Les religions peuvent élever les consciences, mais cependant, elles ont fait leur ce qui est à la base de tous les conflits, de toutes les horreurs commises par l'homme : sa part grégaire, son instinct de meute. Et voilà comment elles peuvent mener aux comportements les plus rétrogrades, les plus barbares, les plus bassement primitifs.

 

Quels étranges premiers mots de l'année ! Un peu de joie quoi ! Allez, bonne année les amis ! Ceux que je connais et ceux que je ne connais pas ! 

Oui, vous souhaiter quelques moments de vrai bonheur. De ces bonheurs profonds qui vous donnent envie de pleurer, qui nettoient toutes les scories des tristesses passées, de ces bonheurs qui déferlent comme un tsunami sur la tristesse et le désespoir, qui nettoient votre for intérieur de fond en comble et qui changent résolument votre façon de voir, de regarder les autres, de vous regarder vous-même, d'envisager même les principes de la vie. 

Oui, vous souhaiter cela, même si ce n'est que pour un jour, que pour une heure, une seconde. Et puis je vous souhaite aussi de ne pas passer à côté des petits bonheurs, car de ceux-là aussi nous avons besoin. Et cependant il arrive qu'on passe à côté d'eux sans les voir, et même, comme dit Manu Chao : "Je l'ai pas vu j'ai marché dessus", oui, on les piétine par inconscience... Je vous souhaite donc la conscience de tous les petits bonheurs qui se présenteront sur votre chemin !

 

Ludmila me disait qu'à la Saint Sylvestre elle se sent triste. Avec sa sœur, quand elles étaient adolescentes, elles allaient dans leur chambre et elles se racontaient, le soir du réveillon, tous les moments importants qu'elles avaient vécus pendant l'année. Et puis ensuite venait la tristesse : tout cela est fini, perdu, - et qu'est-ce qui nous attend l'année prochaine ? Un drame ne viendra-t-il pas nous frapper ?

 

Je ne suis pas partisan de l'enthousiasme pour l'enthousiasme, mais un peu d'optimisme n'est jamais sans fondement. Bien sûr les hommes sont toujours prêts au pire et ne se gênent pas pour passer à l'acte. Mais enfin, par définition, dans un a-priori absolu, la vie est quand même quelque chose d'énorme et de magnifique. Le non vivant est tellement partout dans l'univers que cette petite planète bleue et tout ce qui vit dessus c'est un miracle qui devrait nous mettre de bonne humeur tous les matins ! 

 

Regardez-moi ce corps : il vit ! Il bouge ! Il est chaud ! Et il est tellement compliqué, sophistiqué ! Mettez-vous debout et constatez : il tient tout seul ! Et si vous n'avez plus de jambes, écoutez votre cœur, regardez vos yeux, écoutez entendre vos oreilles : tant qu'il y a de la vie il y a du miracle ! La vie c'est un miracle ! Pourquoi les religions n'ont pas commencé par là bordel ! La vie est un miracle, votre corps est le reflet de la beauté de Dieu, hommes, femmes, enfants ! Rien qu'avec ces deux petites phrases comme principe de base on en évitait des horreurs ! Et le diable ? Le Diable serait le malheur, la souffrance et ce qui donne la mort. Avec ça on serait plutôt bien parti non ? Ah mais oui.... Cela serait absolument inutile pour tous ceux qui auraient envie de dominer, de commander, de régner... Voilà pourquoi ce n'est pas ça qu'on a mis dans les religions... 

Ah.....

Eh oui, l'homme est un animal de meute. Il lui faut des dominants et des dominés.... Quel dommage.... Sans cela  ça aurait pu être si bien d'être un homme... 

 

Mais il y en a quand même qui ont compris l'intérêt qu'il pouvait y avoir à ce que tout le monde puisse avoir son droit... peut-être pas au bonheur, ce serait utopique, mais, disons, à une base fondamentale. On s'est rendu compte que ça pouvait marcher aussi que chacun puisse avoir droit à une base minimum de bien-être... Et une partie des hommes ont commencé à moins souffrir... Une partie.. d'un certain côté d'une frontière... Et il y a des endroits, hélas, où de l'autre côté de la frontière... Là c'est plus la même, ce ne sont plus les mêmes droits....

 

Alors on se prend bien sûr à rêver, que de tous les côtés des frontières ces droits là se mettent à exister. Je ne parle pas des droits de l'homme, bien que cela devrait déjà être un énorme progrès... "devrait être" si ce n'était pas souvent la bonne conscience qu'on se donne quand on va piller le voisin ! Comme ces missionnaires qui se gaussaient d'apporter la civilisation, alors qu'en fait ils ouvraient les portes au grand pillage !

 

Il est vrai qu'aujourd'hui il y a de plus en plus de gens qui disent "regardez comme elle est belle notre planète !" C'est très bien, mais cela peut devenir un nouveau leurre. Car ce n'est pas la planète qui est belle, c'est la vie qui y a été inventé, et c'est cette vie qui l'a fabriquée et qui l'a rendue si belle ! Sans la vie notre planète ressemblerait peut-être à Mars ou Saturne ou la lune qui, ma foi, n'ont rien de très affriolant. La vie non de Dieu ! La vie qui est une beauté sans nom et qui est plus digne d'être vénérée que n'importe quel Dieu ! Alors les amis je vous souhaite une bonne année de vie, de vie parmi toutes les autres vies. Et je vous souhaite que de vous sentir vivre, que de vous sentir vivants vous apporte le bonheur !

 

Tant pis ma foi pour le temps qui passe... Sans vie pas de temps... Le temps c'est l'espace du vivant... Et la mort c'est ce qui révèle que la vie a été...

 

Alors, allons z'y comme ça : vive la vie et vive cette année nouvelle ! Et faisons en sorte que toutes les vies soient respectées comme elles le méritent, c'est-à-dire comme le plus grand miracle de l'Univers !

 

 

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Jeudi 4 février 2010, Besançon 

 

 

Petit voyage le week-end dernier à Bruxelles.

J'ai suis allé avec mon vieil ami Fred. On ne s'était pas revu depuis le lycée et, le magique internet faisant, voici qu'on se retrouve ! C'était il y a quelques mois.

Il a fallu qu'on se raconte tout ce qu'on a fait depuis. Et encore, une partie on imagine ! On en a encore des paquets pas ouverts ! Fred a eu une vie avec de grands zigzags, et finalement, malgré toutes ces années, bien qu'on fasse un peu moins de conneries, on n'a pas vraiment changé de cap lui et moi. Chacun a décliné à son style ce qu'on préparait dans les couloirs du lycée et surtout, ce qu'on préparait quand on en avait fait le mur !

Fred depuis un an, après dix années passées en Afrique, s'est installé une bouquinerie (nom : Perlenbook) sur Internet. Les livres c'est sa vie Fred. Mais attention ! Il n'aime que la littérature populaire ! Mais il en dévore des quantités, il connaît tous les bons auteurs du genre, car Fred, depuis que je le connais, a toujours eu une mémoire d'éléphant.

C'est lui d'ailleurs qui m'a fait découvrir Boudard que je dévore depuis. J'adore Boudard, le Céline des rues qui s'est fait la fac au chetard (prison) !

Bon bon bon, Fred est maintenant bouquiniste et il me propose d'aller faire un tour en Belgique. J'apprends en la circonstance que la Belgique c'est le pays du livre, et notamment, c'est le pays des bouquinistes.

Pas d'hésitation, un peu d'aventure même sous couvert d'activités professionnelles, ça me branche et nous voilà partis.

Premier objectif :

Le village du livre. Seulement c'est vendredi et le vendredi il n'y a pas grand monde. La plupart des boutiques n'ouvrent que le week-end et le reste n'ouvre qu'en saison d'été. N'empêche que la traversée des Ardennes, par les petites routes, n'était pas si désagréable. 

Ah j'oubliais ! A Bruxelles j'ai aussi un vieil ami, pas d'aussi longue date certes, mais cela fait déjà un bail qu'on se voit tous les étés avec Philippe au camping municipal de Kerhostin ! Depuis tellement de temps que je lui promets de passer le voir. Mais c'est pas à deux lieues Bruxelles... Alors c'était l'occasion et nous avions rendez-vous en fin de journée dans la capitale belge.

 

Petit détour par Namur toujours en quête de bouquinistes. Fred cherche comme un chasseur de tête les bleds où se nichent les "wanted". Il court à la bonne affaire certes, mais le bouquin il le flaire avec un nez de cochon en quête de truffes. C'est du grand art à ce niveau là, un mélange de business et de passion fébrile. 

Mais à Namur c'est trop compliqué pour trouver le bon quartier, nous n'avons pas assez de temps. Philippe va nous attendre si on tarde trop. Fred a quand même acheté deux trois gros bouquins, je parle de la collection, ceux qui publient des oeuvres complètes, à moins que ce soit une édition qui ressemble... Bref quatre cinq pavés dans un sac on repart. Honneur à nos hôtes !

 

On sera à Bruxelles à 6 heures, pile au rendez-vous. Philippe viendra nous chercher pour nous conduire jusqu'à l'appartement de sa sœur, Françoise, qui nous fera l'honneur de nous loger pour deux nuits. Philippe chez lui est en travaux et il n'y a pas de sanitaires pour l'instant.

 

On a donc fait la connaissance de la frangine, une femme épatante, pleine de connaissances et qui ne se permet jamais une banalité. Ils ont, Philippe et elle, un art de la conversation, une chaleur, - gentillesse et intelligence. On va passer dans l'appartement de Françoise deux soirées tout à fait sympathiques, arrosées de vin français, juste ce qu'il faut pour que le temps passe en douceur et sans ennui.

 

Le lendemain Fred est sur le qui-vive. Françoise nous emmène sur une place de la vieille ville, près du Palais de Justice, où se tient une brocante. On va se séparer, Fred tout à ses bouquins, Nathalie en quête de bricoles et moi essayant de me refaire la main avec mon appareil photo que je ne touche pas assez souvent. Quelques clichés !

 

    

 

  

 

    

 

 

 

Bon. On finit par se retrouver dans une bouquinerie où Fred achète pour 20 kilos de marchandise. Il est plein d'enthousiasme, négocie sévère les prix tandis que la bouquiniste, charmante d'ailleurs avec sa clope roulée aux doigts, le ramène à la raison. On coupe la poire en deux et tout le monde est quand même content ! 

 

    

 

L'après-midi, rebelotte bouquinistes jusqu'à ce que Fred finisse par se sentir assez de stock pour les mois d'hiver. Alors un peu de tourisme s'il vous plait et nous voici partis à aller contempler le si célèbre MANNEKEN PIS ! Je vous fournis quelques images que j'ai pu faire, encerclé par des tonnes d'appareils numériques en mains de touristes comme moi. Ben oui, inutile de se prendre pour ce qu'on n'est pas ! Nous étions tous également touristes extasiés par le zizi de la minuscule merveille du monde !

 

  

 

Toute place touristique est une aubaine pour les commerçants alentours, chacun s'y donne à cœur joie, et moi j'aurais vraiment voulu et dû m'acheter une barquette d'escargot.... Mon plus grand remord....

 

     

 

Philippe nous a retrouvé sur la grande place. Lui il trouve qu'elle n'a rien de terrible la grande place... Ils sont un peu complexés ces Belges... Elle est très belle cette grande place, et on peut même y caresser les jambes d'une belle alanguie en faisant des vœux... certainement pas toujours honnêtes !

 

   

 

 

 

 

Une dernière soirée pour se connaître un peu mieux, et puis le lendemain retour en faisant à nouveau un petit détour par Redu. Le coffre de la voiture était plein de sacs lourds de milliards de lignes. De mon côté, les finances étant basses, pas de livre, mais le cœur réchauffé par le vent de l'amitié qui se met, avec le temps, à prendre une place essentielle !

 

J'ai découvert en arrivant que je n'avais pas fait une photo de mon pote Philippe. Je ne dirai pas comme Bobby Lapointe que j'ai préféré sa sœur mais en tout cas il était absolument indispensable que je rende hommage à celle qui nous a si gentiment accueilli ! Merci donc Françoise et ta photo en guise de dédicace !

 

 

 

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21 Février 2010, Györ, Hongrie  

 

Nous voici donc partis pour Budapest. Doucement. Le temps de se lever, de préparer les affaires, et dieu sait combien il faut à Ludmila de temps de préparation pour trois jours de voyage ! Pour dix ce serait à peu près la même chose... 

 

Partis tard dans la mâtinée on a donc prévu de faire une étape. C'est ainsi que nous arrivons dans la ville de Györ (à prononcer "Dieur"). En bonne tchèque, Ludmila aurait, par voie naturelle, déjà préparé tout l'itinéraire au quart d'heure près et réservé toutes les nuitées. En bon français, et avec de grandes qualités pédagogiques, j'ai réussi à lui faire prendre goût à l'aventure. C'est-à-dire que nous ne savions pas vraiment où on irait dormir et même dans quelle ville. Tout s'est décidé en route. Donc nous arrivons à Györ, la ville la plus visible sur la carte, en fin d'après-midi. Il commence à faire nuit et voici que se présente un premier hôtel. Ludmila va s'enquérir du prix, elle revient avec un sourire jusqu'aux oreilles : "c'est un ancien couvent ! Oh, c'est tout à fait my blood (j'aime bien quand elle dit "my blood". Je ne sais si cela vient de l'anglais ou du tchèque) on va dormir dans la chambre de les nonnes !" Ce que femme veux... C'est parti pour l'hôtel Klastrom et pour les âmes rôdeuses des carmélites !

 

Les chambres sont effectivement les anciennes cellules des religieuses et la salle de bain occupe la moitié de la cellule suivante. Trois immenses couloirs font le tour du bâtiment, distribuant l'accès à je crois une centaine de chambres. Quand même assez impressionnant !

 

 

La ville de Györ se trouve à l'intérieur d'une boucle du Danube. C'est une ville à taille humaine parsemée d'édifices religieux, de places, d'avenues et de ruelles pavées. Un plaisir pour une promenade nocturne qui nous a mené à un petit restaurant avec, au menu, un steak de Silure absolument succulent ! Un cadeau du Danube, et je crois qu'il y a toute une gastronomie qui s'est établie sur les ressources du grand fleuve.

 

 

Le matin, un petit peu de soleil pour se dire que le printemps va peut-être bientôt arriver et nous repartons...

 

 

 

 

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Mardi 23 Février 2010, Budapest, Hongrie  

 

Nous arrivons à Budapest dimanche après-midi. 

Tabor Budapest, 500 kilomètres environ.

Budapest c'est la grande ville : les avenues pleines de voitures, la difficulté à se garer, et l'impression décourageante qu'il y a des choses à voir partout et qu'on va donc tout rater ! Dans ce cas là, et quand on a vingt-quatre heures de présence, le mieux est de commencer à s'en remettre à ses pieds et de suivre les badauds. En outre, c'est dimanche et, pour acheter un guide, pas facile ! Pour dire vrai, on n'a pas cherché... Disons que nous avions une idée...

 

Nous avons donc atterri côté Pest (à prononcer "Pecht" si on veut se faire comprendre)  et près du Danube qui, avec ses ponts, ses bateaux, et la colline en face, côté Buda, couverte de palais divers, est quand même la première des curiosités. C'est là que Budapest en jette sur toutes les photos touristiques.

 

 

 

On s'enfonce ensuite dans une rue piétonne. Tout de suite on sent le poids de ces hautes façades lourdement décorées de motifs bien nourris. Comme le dit Ludmila : "Le style de notre vieille monarchie !" Oui, l'Empire Austro-Hongrois a marqué l'Europe centrale de cette architecture ampoulée, imposante, maniérée, colorée, qui semble aboutir tout naturellement au style art-nouveau que l'on appelle ici le style 'Cesese", "Sécession" en Français. C'est d'ailleurs assez curieux que, grâce à cette familiarité architecturale, Ludmila se sente immédiatement chez elle quand elle est en Hongrie, en Autriche etc., alors qu'en France, immédiatement, elle se sent dans un pays étranger....

 

 

 

Après ce premier contact avec la ville, écouté un concert d'un joueur de verres à eau d'une grande virtuosité, nous sommes allés chercher un petit restaurant ouvert en ce dimanche après-midi. Nous avons trouvé de quoi manger une soupe Goulash qui est, je crois, le repas complet le meilleur marché qu'on puisse trouver ici. Retour au bord du Danube, aux environs du pont Erzsébet. 

Après, il a bien fallu commencer à nous inquiéter où dormir.

 

 

Nous partons donc sur le boulevard qui suit le Danube, côté Pest, toujours. A contre courant nous remontons vers Györ (c'est tout droit il n'y a qu'à suivre le fleuve!) L'idée est de sortir de la ville pour éviter les prix excessifs (probablement) du centre ville. Et là nous voyons ce truc incroyable : un bus qui flotte ! Comment ils ont pu mettre au point un truc pareil.... Quand j'étais enfant j'adorais les voitures amphibies... mais là, un bus ! Chapeau !

 

 

A environ cinq six kilomètres du centre, en lettres peintes sur l'angle d'une façade, à droite, on lit "Hôtel Karin". "Why not !" nous disons-nous ! Et nous voici bientôt devant une amusante réplique d'une ancienne boutique, ou d'une maison de poupée ; ce qui ravit mon amie, bien sûr ! Et puis, vraiment, l'endroit peut être recommandé : cinquante euros la nuit pour 2, avec un personnel vraiment charmant, d'une gentillesse exemplaire. Un grand lit sans trou au milieu (c'est souvent le cas des lits jumeaux qu'on trouve en Tchéquie), du silence, un parking, une déco sympa, - sauf les tableaux des chambres qui sont d'un goût de chio.......

 

Nous avions l'idée de trouver un endroit où écouter de la musique tsigane. Il faut savoir que la Hongrie c'est la patrie de la musique tsigane, celle probablement qui a inondé toute l'Europe centrale. Cette musique était jouée dans des tavernes qu'on appelait des Csarda (à prononcer "Tcharda") C'est pourquoi certaines musique tsiganes, celles qui commencent lentement et qui vont en s'accélérant, ont été appelées des Csardas (à prononcer "Tchardach"). C'est alors que le très sympathique garçon de l'hôtel nous indique un endroit qui se trouve à cinq minutes de l'hôtel, et qui s'appelle justement "Magyery Csarda", ce qui veut dire "la taverne hongroise" tout simplement. Un coup de fil et on apprend qu'il y a un groupe qui joue ce soir ! Andiamo !

 

Nous trouvons facilement, - il n'y a qu'à continuer la route qui venait de Budapest et c'est après le carrefour de l'hôtel, à un kilomètre sur la gauche. 

Devant, un car... Bon. Apparemment on ne frise pas l'originalité.... Et puis, évidemment, les touristes ont réservé les meilleures places. On aurait aimé être devant les musiciens ! Mais enfin on n'est pas si loin... Le groupe est composé de quatre musiciens : un premier violon, un second violon (qui ne joue quasiment que les contretemps), une contrebasse et un cymbalum, cet espèce de piano couché sur lequel on joue avec des baguettes. On le trouve dans tout le folklore d'Europe centrale mais ici, on ne pouvait pas le manquer ! Il est chez lui ! En plus des musiciens, quatre danseurs qui vont faire participer le public. Il faut cela pour contenter les touristes. Mais pourquoi pas ! les danses hongroises, comme cela, on en connaîtra une autre version que celles de Bartok !

 

 



En tout cas, car de touristes ou pas, ce fut une très belle soirée. Les musiciens jouaient bien, le premier violon nous a fait de très jolies enluminures. Les touristes, venus de Zagreb, ont d'ailleurs bien participé à cette animation, se mettant à danser comme s'ils l'avaient toujours faits ! Et je ne vous parle pas du steak tsigane ! ni d'un vin blanc hongrois si subtilement parfumé ! Si c'est pas ça, le bonheur !

 

L'heure tournait et soudain le guide du bus croate donna ses consignes. En quelques minutes tout le monde s'était levé et la taverne vidée ! Je voulais savoir si les musiciens avaient terminé alors je suis allé leur demander. C'était oui. A tout hasard je leur demande s'ils connaissaient "Gelem Gelem". Il faut dire qu'avant de partir j'étais en train de travailler sur une nouvelle chanson "Gens du voyage" où j'utilise un sample de cette chanson qui est, depuis 1971, l'hymne national Roms. Comme ils ne parlaient pas bien l'anglais je ne savais pas s'ils viendraient ou non la jouer. Je retourne donc à ma place, et, après cinq six minutes, les voici qui arrivent pour jouer "Gelem Gelem" juste pour nous ! J'en étais tellement ému ! Si je n'avais pas oublié ma grosse carte mémoire à Besançon, j'aurais pu vous faire écouter cette merveille. Mais, avec cet oubli, je n'ai pu en tirer qu'une photo. Le reste ne sera que pour ma mémoire... Qu'on a toujours si mauvaise.....

 

 

 

 

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Mercredi 24 Février 2010, Tabor, République Tchèque  

 

 

Ceux qui ont lu attentivement toutes les pages de ce journal.... oui il y a beaucoup de pages, j'en conviens.... disons, ceux qui ont eu la chance de tomber sur les pages concernées de ce journal savent que j'aime aller dans les thermes (spa). Notamment ceux magiques de Saturnia pour lesquels j'ai écrit une chanson qui sera d'ailleurs publiée dans le CD en préparation. 

 

En y réfléchissant, j'ai compris pourquoi j'aimais les thermes. Parce que c'est une façon sensuelle de s'immerger dans un lieu, une ville, un pays. Je parle bien des thermes à eaux chaudes, cela paraît une évidence mais il s'avère aujourd'hui qu'on vous vend n'importe quoi. Il y a des ville-les-bains en France et ailleurs qui se font passer pour des villes thermales et qui n'en sont pas. C'était le cas de Besançon qui s'appelait "les bains", jadis, simplement parce qu'on ajoutait du sel du sous-sol à l'eau qu'on boit au robinet. En revanche Plombières-les-bains, que fréquentait Montaigne, ou Luxeuil-les- Bains, pour parler des villes les plus proches de Besançon, sont des vraies villes thermales. Et j'adorais quand j'étais enfant traverser, l'hiver, cette ville de Plombières dont tous les regards d'égouts exhalaient joyeusement leurs vapeurs d'eau chaude : même les radiateurs des maisons du centre ville étaient irrigués par les nombreuses sources d'eau chaude de la ville. Cela m'émerveillait !

 

S'immerger dans les eaux chaudes d'une ville, presque nu, c'est presque lui faire l'amour.... Les psychanalystes y verront peut-être.... Mais au diable les psychanalystes ! Peu importe l'origine de nos plaisirs d'animaux mammifères, l'essentiel c'est qu'ils ne fassent de tord à personne.

 

Alors bien sûr j'avais entendu parler des bains nombreux et si réputés de Budapest. Les romains avaient déjà, spécialistes en la matière, développé cette activité en tous points salutaire. Les Turcs du monde ottoman ont remis ça. Et ils ont bien fait.

 

La ville s'y prêtait à merveille : on y a découvert 118 sources et puits d'eau chaude ! Et la population de la ville a fait du bain thermal une activité de loisir ordinaire, tout comme les japonais qui ont longtemps pensé à tord que tous les européens puaient comme des porcs. Ils n'étaient pas, bien sûr, allés à Budapest !

 

Alors, aller à Budapest ne pouvait se faire, pour moi, sans aller partager avec les Buda et les Pestois un de leurs loisirs favoris. Ludmila, qui n'aime pas trop mouiller ses cheveux qu'elle met en forme avec tant de soins, avait quand même compris que, à Budapest, elle ne pourrait refuser de se jeter à l'eau sans commettre un péché capital ! Elle avait donc pris un maillot, un peignoir et des sandales, tenue syndicale du thermiste (on a tord d'ailleurs de l'appeler "curiste", cela fait thérapeutique et cela dessert l'image de ce loisir qui, du coup, est un peu passé de mode...)

 

Mais quel bain choisir, il y en a tellement ! Le plus mis en avant sur les sites touristiques était le  Bain Gellért. Peu après on trouvait le Bain thermal Király qui se trouve dans un bâtiment datant de l'époque turque... Et puis il y avait quelque chose qui m'avait fasciné c'était ce bain situé comme au milieu d'une place, entouré de bâtiments de style empire plein de colonnades, de toits en coupoles, et le tout d'une couleur jaune ocre... J'avais même vu qu'il y avait des gens qui y jouaient aux échecs ! En plein hiver, dehors, dans des bains fumants à la température du corps ! J'ai donc découvert que cette merveille s'appelait le Bain Széchenyi !

 

Le bâtiment se trouve du côté Pest, à l'intérieur de la ville dans une zone qui s'appelle Varosliget et qui est en quelque sorte le parc de la ville. C'est un ensemble très riche architecturalement, il y a un Musée d'art Moderne avec une très belle collection de peintres européens, il y a un monument très impressionnant qui fait penser au portique de l'ange de Berlin (l'ange des ailes du Désir de Wim Wenders), et puis des bassins, des patinoires, des forêts, des petits ponts décoratifs, des canards et des oiseaux divers, un zoo. Bref un endroit très sympathique qui aurait mérité qu'on le visite en été. Les arbres squelettiques cela ne convient pas trop bien aux parcs artificiels. 

Et, au fond de ce très joli ensemble, le bain Széchenyi !

 

On paie quelques euros pour entrer. Dans les trois euros je crois. On prend une cabine. Le bâtiment date du début XXème, à un moment où la Hongrie avait réussi à obtenir des droits égaux à ceux de l'Autriche dans l'empire, et cela avait été un boom économique immense : il restait à le faire voir. Et, dans l'ensemble du parc ils avaient mis le paquet, fallait plus qu'on puisse rougir devant Vienne !

Donc, dans le hall d'entrée sous coupole avec sculpture monumentale (un petit bébé qui fait pipi sur un énorme centaure qui le tient à bras levés), on arrive facilement, en parlant anglais, à se faire expliquer le mode d'emploi. 

On a un bracelet magnétique qui ouvre les portes, on demande une clé et on entre dans la cabine....

                                              

Après il suffit de suivre les gens en peignoir et on arrive dans la première salle ! Beaucoup de lumière, deux bassins en enfilade. Et puis on découvre à droite, à gauche qu'il y en a d'autres ! Qu'il y en a plein ! Au total 12 bains intérieurs ! Et des bains turques (sortes de hammams) et des températures, des odeurs, des couleurs d'eau différentes ! Sensass ! 

 

                                               Quelques photos de l'intérieur :

 

                                                

                       

 

Et puis quand on a testé les différents bassins du dedans, laissant pour plus tard les bains turques (une dizaine !) on a bien sûr envie de se frotter au dehors !

Là il gèle presque, les pieds sentent pendant quelques mètres le pavé très froid, et soudain on est dedans, 37-38 degrés, un petit air tiède vous balaie le visage, c'est magique !

 

                          

                          

 

On y passe trois heures sans voir le temps passer, tout en douceur. Le hammam, le bain froid qui vous foudroie, un peu de natation dans un bain à courant tournant (dans le sens du courant ou à contre sens). Un labyrinthe de douceurs... 

On ressort quand la nuit tombe... Le ciel est de ce bleu sombre que j'aime tellement. Avec les lumières artificielles, les bâtiments rayonnent de toute leur splendeur !

 

 

                    

                    

 

En accord avec cette ville, reconnaissants, on repart. Direction Brno où demain une radio m'attend pour un entretien. Mais c'est une autre histoire. Voir Budapest et espérer s'y retremper....

 

 

 

 

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Jeudi 4 mars 2010, Tabor 

 

On raconte un voyage, un week-end, tout paraît aller dans le meilleur des mondes, en tout cas de ce côté-ci du monde. Et puis brutalement tout peut basculer. 

 

Retour à Besançon le lendemain de l'écriture du chapitre ci-dessus. Ludmila m'avait parlé d'une boule qu'elle avait au ventre. C'est pourquoi le vendredi, lendemain de mon départ, elle s'en va faire une visite chez son gynéco. Et là il lui découvre une tumeur.

 

Lundi, le matin, douleur terrible, le médecin arrive et demande une hospitalisation d'urgence. Il peut y avoir une lésion de la tumeur et il faut l'opérer au plus vite. Sauf. Sauf que Ludmila a une hyperthyroïdie. Les tests révèlent 40 unités, il est impossible de l'opérer sans mettre sa vie en danger. Pourtant le gynécologue insiste : il faut opérer rapidement. Tout le monde prend peur, on ne sait comment la lésion va évoluer. Comme la tumeur entoure l'ovaire, on ne sait pas ce qu'elle cache, on ne voit rien avec l'échographie...

 

Je décide donc en catastrophe de retourner à Tabor. En route d'affreux scénarios. C'était hier, mercredi. On parlait de l'opérer peut-être le lendemain.

 

Mais ce matin les test disent que la production de la tyroïde n'a pas baissé. On s'oppose donc encore à l'opération. Parallèlement les résultats de la prise de sang de lundi disent qu'il n'y a pas les protéines dans le sang qui révéleraient l'existence d'un cancer (même si la tumeur est cancéreuse les cellules cancéreuses sont enfermées dans la tumeur et partiront avec l'opération). Cela laisse donc un peu de temps. En outre, aujourd'hui la douleur semble s'être calmée et, bien qu'il y ait une faible fièvre, rien n'indique qu'il y aurait de complication cachée. Donc disons que depuis aujourd'hui on commence à souffler. Si la douleur ne revient pas, on pourra attendre que le traitement fasse redescendre l'activité de la thyroïde pour pouvoir ensuite opérer - quand ? lundi ? mardi ?

 

Je sais bien que ce journal n'est pas là pour remplacer des mails ou SMS, mais en l'occurrence, cela me permet de tenir informé ceux qui avaient été témoins de mes grandes inquiétudes. Merci à eux de leur écoute et de leur soutien.... Pour les autres, désolé du caractère très intime de ces lignes. Bien qu'il n'est pas inutile que quelques évènements nous rappellent que nous sommes mortels, et que nous ne portons jamais trop d'attention à ceux que l'on aime....

 

 

 

 

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Dimanche 7 mars 2010, Tabor

 

 

Je viens de ramener Ludmila à l'hôpital puisqu'elle a demandé de passer le week-end chez elle. De toute façon l'opération n'était pas possible tant que le taux de thyroxine (hormone de la thyroïde)  n'avait pas baissé. Et rester à l'hôpital, pour Ludmila, c'est un enfer. Un enfer parce qu'on vous y réveille à 5 h 30 pour les examens et qu'on vous amène le petit déjeuner à 6 h 30. Pour quelqu'un qui n'arrive pas à s'endormir avant.... ça dépend, 3, 4, heures... c'est l'épuisement assuré. Et puis il y a son régime alimentaire. Il n'y a pas de menu pour les végétariens à l'hôpital. Et puis, Ludmila, son monde c'est sa maison.

 

Dans la maison de Ludmila il y a les chats. Et puis, en ce moment, il y a aussi moi. Cela fait trois bonnes raisons d'être là. En plus, depuis quelques mois, le chat principal, dans le sens où il est arrivé ici bébé, a été pris de diabète... Il faut donc qu'il mange régulièrement, tous les trois heures un petit peu, et, le matin et le soir, il faut lui faire une piqûre d'insuline. Ca c'est Boubak. Le deuxième chat a été peu à peu adopté après que pendant un an au moins  il soit venu en fraude dans l'appartement pour bouffer la bouffe à Boubak. Donc le deuxième chat c'est Salomon, prononcé en tchèque, avec le diminutif : chalomounek, sans le diminutif, chalome, ou chalomoun, à orthographier comme vous voulez.

 

Depuis quelques mois Ludmila a eu beaucoup de frais de vétérinaire avec les deux chats. Boubak a cause de son diabète qui l'aurait déjà probablement emporté sans l'insuline. Puis ce fut à Chalomoun d'y être conduit, après de dantesques combats contre des animaux des forêts comme me l'a dit Ludmila. Mais selon le vétérinaire il pourrait simplement s'agir de combats de mâles car, si Boubak est un castrato, Chalomounek est un jeune mâle bourré d'hormones. Bref, là encore, s'il n'y avait pas eu les injections d'antibiotiques, pas sûr que Chalom s'en serait tiré.

 

Dans la maison de Ludmila il y a aussi un grand personnage, enfin je veux dire un personnage très important c'est l'ordre et la propreté. C'est même plus que de l'ordre, c'est un ensemble de composition. Chaque mètre carré est composé, comme un petit tableau... Savoir qu'elle avait dû partir à l'hôpital d'urgence sans avoir eu le temps de remettre tout en ordre devait l'obséder. Sa sœur Eva était venue avant que je n'arrive pour mettre un peu d'ordre. Mais je pense qu'elle aurait voulu s'occuper de ça ce week-end. Mais là, rien à faire, son état de santé, sans doute pour la première fois de sa vie, l'en a empêché.

 

Dans la vie de Ludmila il y a le travail, celui qui rémunère et qu'elle fait parfaitement. Mais ce travail ne la satisfait pas complètement. Disons que cela ne suffit pas à son grand appétit d'apprendre, d'écrire, de chercher. Ce qu'elle aime faire Ludmila c'est écrire des articles, monter des expositions de musicologie, ou encore, comme elle vient de le finir, écrire un dictionnaire anglo-tchèque du langage musical. Pour le dictionnaire elle a quand même été payée par l'intermédiaire de Monsieur Piper, un financier luxembourgeois passionné et mécène de la musique tchèque. Pour les articles, souvent, ce n'est pas payé. Pourtant Ludmila adore y travailler. Seulement son travail lucratif, son travail de recherche, la propreté et l'ordre de son appartement, ses chats et une bonne dizaine de mémoires de ses élèves à diriger, cela finit par faire beaucoup de travail... Et comme Ludmila est très organisée, qu'elle marque sur des bouts de papier tout ce qu'elle a à faire avant d'aller se coucher, eh bien il arrive souvent que ses nuits soient considérablement raccourcies....

 

Alors des glandes se mettent à compenser le manque de sommeil, la fatigue. Puisqu'il faut être opérationnel à toute heure, la thyroïde comprend qu'elle doit augmenter sa production de thyroxine. Le cœur se met à battre plus vite, on peut manger davantage sans grossir et on a moins besoin de sommeil. En tout cas on ne sent pas qu'on a sommeil.... Ca marche jusqu'au jour où il faut réaliser une opération d'urgence. Et là, s'il a le temps de demander un test, l'anesthésiste va dire : "impossible". S'il n'a pas le temps, l'opération risque d'être fatale....

 

On ne change pas des gens passionnés et exigeants avec des arguments. Cela fait longtemps que j'essaie d'expliquer à Ludmila qu'il faut qu'elle soit plus prudente, qu'on ne peut pas exiger tant de son corps sans qu'un jour.... Mais puisque jusqu'à maintenant ça a tenu, pourquoi cela ne tiendrait pas encore ? Et voilà que cette fois son corps a tiré la sonnette d'alarme. J'espère qu'elle en tirera les bonnes conclusions... 

 

Mais d'un autre côté, Ludmila, c'est un phénomène. Je comprends que ses élèves l'adorent. Un tel mélange de passion, d'érudition, de soif de connaissance, et de générosité, d'humour. Un souci de perfection, en elle autant qu'en apparence. Je ne vous raconte pas le temps qu'elle met à se préparer, le soin porté à ses cheveux, son habillement, son maquillage, ses ongles. Un sens maladif du détail, de la perfection. Témoin de ses rituels depuis six ans, j'avoue que de ma vie je n'ai jamais vu ça. Mais aussi, j'avoue que cela se fait avec une telle conviction, que ce soin de soi-même est tellement identique au soin qu'elle peut apporter aux êtres autour d'elle, étudiants, membres de sa famille, chats, et moi bien sûr, sans oublier les causes qu'elle soutient : association de commémoration des disparus de la Shoah, association de recherche de compositeurs tchèques, et d'autres.... tout cela entre dans une telle cohérence qu'on ne peut que se dire : eh bien reste qui tu es, dans tes excès, dans tes mirages, dans tes rituels et même parfois dans tes erreurs, tes imprudences, et tes éclats de rires foldingues, dans ton talent, ton humour, - une espèce de folie douce, fantasque, drôle ou exaspérante, mais toujours, en fait, sympathique... 

Oui, reste donc dans ce personnage né il y a longtemps dans l'âme d'une enfant curieuse, intelligente, têtue, qui menait son monde gentiment mais sûrement. Mais fait attention que ce personnage ne t'emporte pas dans ses jeux imprudents maintenant que tu n'es plus une enfant.... 

 

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Vendredi 19 mars 2010, Besançon

 

On sent le printemps qui revient, qui nous souffle des choses étranges aux résonances lointaines. On va à quelques rendez-vous, pour essayer de donner naissance à un disque qui ne servira peut-être à rien... ou qu'on n'arrivera peut-être jamais à monter... ou.... on n'en sait rien mais on y va. Un rendez-vous, un autre.... Tout semble si flou, si incertain, peut-être si vain.... Il n'y a peut-être que ces actes qui comptent, on se dit qu'il faut les faire, même si des milliards de gens vaquent à leurs affaires et n'en ont rien à faire... Des gens qui comme nous définissent leur vie acte par acte, vers peu de gens savent où, personne peut-être....

 

Beaucoup justifient ces actes inutiles par des devoirs x ou y qu'ils ont puisés dans la logique des actes qui mènent à l' acte qu'ils font. Ce qui justifie l'un avec les fondements absurdes des autres... et beaucoup se contentent d'être sûr de ce qu'ils font, sans réfléchir vraiment si la suite des causes et des effets a vraiment un sens...

 

Artiste tout seul à porter son projet, bien sûr que souvent l'idée affleure que tout est vain. Qu'il n'y a qu'une chose importante c'est la vie qui nous a été donnée par le hasard, et que tout après cette naissance est une suite de hasards qui mènent à rien de précis sauf à la mort, vraie certitude...

 

Aujourd'hui Ludmila m'a écrit que demain elle devrait sortir de l'hôpital. Cette frayeur que j'ai eue, sentir la mort venir tout près. La réalité de la mort se présente ainsi à travers ces peurs que nous avons pour les autres... Elle sortira demain, bientôt elle courra, en tout cas elle rira, elle montera les escaliers, elle va reprendre ses habitudes, j'espère qu'elle sera plus prudente, qu'elle ménagera davantage son corps. C'est si important le corps. C'est si beau le corps....

 

Théo ce soir a appris qu'il avait été sélectionné avec son groupe Attracktion pour le tremplin music ado. Il paraît même qu'ils étaient bien au dessus de la moyenne. Je suis content, s'il y en a au moins un des deux qui réussit, quelque chose sera gagné.

 

Sera gagné... Même cela en fait ne veut pas dire grand chose non plus... Pourtant il y a quelque chose en nous qui réagit au succès, aux récompenses en général. C'est animal ça. Ca se traduit dans la chimie des connections nerveuses, et ça vous donne un peu de vitalité en plus. C'est aussi cette chimie qui nous pousse à agir, à faire... Les gens qui n'ont pas assez de ces récompenses qui donnent la vitalité deviennent malades... On appelle ça de la dépression. C'est profondément ancré dans notre espèce, et probablement dans d'autres espèces animales... 

 

Après, si l'on admet que tout est un peu absurde, et qu'en outre, avec cette vie d'artiste où l'on avance à yeux bandés, sans jamais savoir si l'on va quelque part ou si l'on va se rétamer au semestre prochain, on peut quand même trouver ces petits biens qui nous donnent la force d'agir, de continuer. Mais il faut sortir de tout système de valeurs prédéfinies. Car rien ne nous dit ce qu'on doit faire, et pourquoi on doit le faire. C'est même l'inverse. Qu'est-ce que tu fais comme travail ? Veilleur de nuit. Ah, super ! Les gens sont rassurés. Qu'est-ce que tu fais comme travail ? Artiste. Ah.... On ne sait plus quoi dire, dans quelle direction aller alors on ajoute : "et à part ça ?" Donc, d'une certaine façon, mes quatre nuits de travail par mois au foyer, ça me sort de l'embarras des fois...

 

Mais quand il faut aller défendre son projet, celui de chanteur émergeant à 50 ans, ce n'est pas facile de trouver des justifications légales, enfin, communes, entendues, pour se mettre en action. Les fins de mois en ce moment très difficiles, des incertitudes partout, devant, derrière, à droite, à gauche, et il faut quand même avancer, tout droit, frondeur vers une nuit sans lune. Il n'y a pas de chemin tracé, il n'y a pas de carte, pas de guide, il n'y a qu'une décision et peut-être un besoin farouche de pondre, d'accoucher et d'exprimer des choses.

 

Pour cela il faut penser aussi que ces choses sont importantes.... Que même le domaine dans lequel ces choses vont être pondues, que même ce domaine a une importance.... L'art, la culture... Non, c'est plutôt de pensée qu'il s'agit. L'art, la culture c'est après. La pensée en premier... La pensée, la création... Cela devrait être la même chose....

 

La pensée vient en regardant le monde, les hommes, et en observant jusqu'à ce qui se trame à l'intérieur de nous... Nous sommes une espèce animale si étrange, et en même temps si extraordinaire... Il n'y a que nous pour le savoir d'ailleurs, c'est donc facile à s'en convaincre ! Si extraordinaire et en même temps si lamentable... Nous sommes entre ces deux extrêmes, extraordinaires, lamentables... Extraordinaire quand on voit ce que la pensée de l'homme est capable de faire. Lamentable quand on voit ce que les hommes sont capables, même avec cette extraordinaire pensée, de faire...

 

Avec notre pensée on peut beaucoup rêver.... On peut imaginer des tonnes de choses - pourtant le produit de l'imagination ne pèse pas lourd au centimètre carré ! On peut imaginer un monde différent, on peut vouloir le faire devenir tel. Mais tout ça se replie très vite en des rêves d'enfants.... Adultes on voit l'ensemble des causes et des effets qui font que le monde est comme ça, et on se dit que ça va durer encore longtemps, les erreurs énormes, les conséquences énormes et lamentables, la souffrance imposée, subie, la stupidité, ou plutôt l'inconscience encore plus redoutable que la méchanceté...

 

Dans tout cet immense contexte humain, l'œuvre d'un artiste n'a pas beaucoup d'importance... Mais au niveau du point de vue de l'artiste en question, c'est sa vie qu'il défend, une vie qui ne tient à rien comme beaucoup d'autres, - mais comme tout ce qui est vivant avance dans le temps avec acharnement... 

L'acharnement de la vie à se poursuivre... Ca c'est quelque chose qui est fascinant ! Du plus petit corps au plus grand il y a cet acharnement à vivre. Chaque être vivant a même développé des stratégies incroyables pour survivre et faire survivre son espèce. C'est énorme, c'est merveilleux. C'est aussi en voyant ça que certains deviennent croyants : "S'il y a cette volonté de la vie à se poursuivre, c'est que Dieu l'a voulu". Pratique.... Si on enlève Dieu cela devient vertigineux. Il y a cette volonté dans toutes les espèces et nous l'avons aussi, et notre volonté est du même ressort, il n'y a pas de spécificité humaine dans le fond, il n'y a que des différences sur la forme... 

Cela donne soudain une sorte de perméabilité, comme si le mur que nous avions mis entre nous et le reste des espèces se mettait à s'écrouler doucement. Et soudain on se sent flotter dans l'univers du vivant, de tout être vivant... Même le plus primitif être vivant est comme nous et nous sommes semblable à tout être vivant... Les parois de la conscience s'élargissent, nous ne sommes pas l'être vivant mais une partie du vivant.... Nous devenons alors négligeable, un point dans l'infini du vivant, et néanmoins nous avons cette conscience d'être qui nous empêche de nous perdre totalement... Et puis aussi, si l'ensemble de ce vivant, constitué d'une infinité d'êtres qui ont chacun une entité propre, si l'ensemble de ce vivant, de cette chaîne du vivant, est quelque chose de si fantastique (il a quand même donné sa couleur verte et bleue à notre planète, visible depuis tout le cosmos, et pour l'instant unique) cela veut dire aussi que chacun de la chaîne est important, a une utilité, modeste certes, mais constituante de l'ensemble... Cela veut dire qu'au même titre qu'un autre être vivant nous avons notre place, notre utilité dans la constitution de cet ensemble magnifique...

 

Perdus entre le dérisoire de notre place de maillon d'une chaîne, qui en outre peut se passer de nous, et entre ce point de vue focalisé et conscient de notre position d'homosapiens... Ce sont presque les deux infinis dont parlait Pascal. Je pense donc je suis, certes, mais je suis si peu (être vivant parmi l'infinité des êtres vivants....)

 

Alors pourquoi pas accepter d'être ce que l'on est, en toute humilité, mais sans pour autant trop se dévaloriser.... Les lois des hommes sont ce qu'elles sont. Elles changent selon les cultures. Les valeurs qu'on a reçues du passé sont toutes autant relativisées par l'existence sur la terre de multiples systèmes de valeurs qui souvent s'annulent au contact les uns des autres... Il y a quelques constantes quand même... il semble... mais enfin.... 

Alors pourquoi pas vivre comme nous vivons chacun, à partir du moment où on ne voit pas mieux à faire... Sinon il suffit de changer et de voir ce que cela donnera.... C'est souvent la peur qui bloque tout. On a peur de l'inconnu.... Alors on préfère rester ce que l'on est, ou ce que l'on a fait de nous, par peur de l'inconnu.... Alors il faut s'accepter comme être peureux et s'accommoder de ce que l'on vit.... Cela ne sert à rien de vouloir être quelqu'un d'autre quand on n'y arrive pas... On devient insatisfait et par le système chimique décrit plus haut, pas de satisfaction, vitalité réduite, souffrance et dépression... 

 

Dans le même ordre d'idée, si vous avez choisi d'être artiste et que vous gagnez médiocrement votre vie, que vous n'êtes pas reconnu et tout çà, et si vous pensez que continuer a un sens pour vous, alors il faut continuer. De toute façon la vie cessera un jour.... Un peu plus tôt, un peu plus tard... 

 

Alors on y va. C'est comme une absurdité qui en vaut bien une autre... Une jeune femme cadre d'une collectivité territoriale me disait : "Vous avez de la chance, vous êtes libre !" Si elle avait à gérer mes problèmes de budget elle en serait malade. C'est sûr. Alors chacun sa croix, elle de se mettre à la disposition des caprices de ses supérieurs, moi d'essayer tant bien que mal de gérer les factures que je ne peux pas payer.... Mais moi je ne lui dirai pas : "vous avez de la chance de ne pas avoir de problèmes pour finir vos fins de mois et d'avoir votre CDD pour envisager l'avenir" car j'ai choisi ma vie et même si ça tourne mal je l'accepterai. C'est une façon de vivre heureux... Tout dépend de ce qu'on attend du bonheur...

 

En toute inconscience donc cette vie se poursuit... Et je suis heureux quand une nouvelle chanson se met à vivre. C'est comme un enfant qui naît et j'aime les enfants... Et puis ces jeunes qui passent ici, qui viennent écouter les nouvelles créations de Théo, de temps en temps les miennes, c'est de la vie aussi, on arrive à franchir les obstacles intergénérationnels et se sentir bien ensemble... Ils restent ado, je reste adulte, mais on communique. C'est un autre bonheur, un équilibre humain, des liens paisibles....

 

J'aime l'homme quand il réussit la paix. Quand il réussit l'équilibre de toutes les forces contradictoires qu'il porte en lui. Et peut-être que tout mon travail consiste à rechercher des clés vers cet équilibre... C'est certainement le devoir dont je me suis chargé, et dont tout artiste a la charge.... Vous voyez Madame ce n'est pas qu'une histoire de liberté la vie des artistes, c'est aussi une histoire de devoir.... Et si un jour vous me dites : "nous ne vous donnerons pas la subvention que vous avez demandée", ce jour là vous exprimerez votre liberté aux dépens de la mienne... Mais ça c'est une autre histoire....

 

 

 

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Samedi 17 avril 2010, Tabor (CZ) 

 

Le soleil revient sur Tabor. Cette semaine était bien froide, 7 degrés et de la pluie... J'ai retrouvé Ludmila en bonne forme, appréciant ces vacances inattendues, bref une convalescente en pleine sérénité !

 

Le temps faisant, nous ne sommes pas beaucoup sortis, mis à part un repas familial et la visite d'un jeune prêtre dans l'abbaye de Klokoty au sujet de nos fiançailles. C'est ainsi qu'aura lieu notre mariage sans contrat, une cérémonie religieuse telle que le voulait Ludmila, selon cette forme archaïque que les prêtres ne pratiquent plus (le nôtre a dû regarder son guide pour savoir comment ça se pratiquait des fiançailles !). Cela nous permettra de réaliser cette joyeuse cérémonie dans la plus originale église de la ville, au centre de ce monastère de poche, au baroque chantant, exhibant ses coupoles comme un enfant ses châteaux de sable ! Vraiment un lieu charmant que j'avais photographié lors de mon premier séjour en République Tchèque et qui m'avait beaucoup impressionné. En outre le jeune prêtre, qui doit avoir la trentaine, est vraiment sympathique et drôle et il se régale d'avance de la mise en scène que nous allons apporter à cette cérémonie ! La musique va être à l'honneur !

 

J'ai déjà écrit que nous ne pouvons comparer le rapport à l'église que nous avons en France à celui que les gens ont ici. Comme disait Ludmila, la période communiste à fait office de grand nettoyage et a vidé le pays de ces prêtres alliés au pouvoir dominant, en bonne place et s'ennorgueillant de l'être. Le passage à la clandestinité a donné, à ceux qui sont restés, une grande leçon d'humilité. Et évidemment leur image est devenue une image de résistance au pouvoir des adeptes du parti d'état, aussi opportunistes et faussement engagés que l'ont été nos prêtres. Un renversement de situation qui faisait de ces prêtres d'ici l'équivalent des militants communistes ou socialistes ou trotskystes de chez nous. Surprenant non ? Voilà donc pourquoi j'ai accepté de jouer à ce petit jeu de la célébration religieuse, refusant néanmoins qu'un contrat type et inutile ne soit signé. Je tairai donc mon agnostisme, mon matérialisme philosophique, pour satisfaire une ritualisation qui, ma foi, en vaudra bien une autre. 

 

Ce séjour a été aussi l'occasion de rencontrer Karel avec qui je suis toujours heureux de travailler. En outre Jeff, le clavier qui le remplaçait depuis que les coûts de déplacement m'avaient découragé de poursuivre avec lui, Jeff donc m'a appris la semaine dernière qu'il ne désirait pas poursuivre avec moi. Il n'aimait pas la nouvelle direction de ma musique, et surtout je crois qu'il ne supportait pas que je cale les arrangements à l'avance. En même temps il y avait des parties qu'il n'était pas capable de jouer, notamment ceux où Ludmila chantait avec moi. Donc tant pis pour Jeff, ça ne lui enlève pas ses qualités, après tout il est bien libre de choisir avec qui il va travailler. Parallèlement Karel aime beaucoup ce que je fais aujourd'hui, préfère même à ce que je faisais avant. Donc on dira que cela devait être ainsi !

 

Et puis, Karel, nous avons fait tellement de choses ensemble ! Notre virée en Suisse pour faire la manche au bord du lac d'Yverdon, tous ces concerts en France, en Tchéquie, en Slovaquie. Et ces multiples repas partagés. Et son jeu, mon Dieu, sa sensibilité, sa virtuosité!... Et Karel est bien aussi fou que moi. Il a besoin d'ailleurs pour respirer et il n'a pas peur de prendre sa voiture pour faire 900 km pour changer d'air. Et puis maintenant il fait partie de notre petite famille à Ludmila et moi. Donc allons-y !

 

Nous avons travaillé cette semaine deux morceaux, le nouvel arrangement de Saturnia où Karel a trouvé à la guitare les ambiances qu'il lui fallait, et aux "Cigognes d'Helpa". 

 

"Les Cigognes d'Helpa" est un morceau constitué de deux parties. D'abord un long texte slamé-chanté avec un accompagnement électro-yougoslave, et l'autre un morceau traditionnel slovaque qui sera chanté par un chœur d'enfants. Or j'ai pu, pour la première fois, écouter les enfants et les enregistrer. Ce chœur d'enfants est celui de l'école de musique de Tabor et leur professeur s'appelle Helena Boutchkova . La chanson, une Tchardash (une chanson qui va de plus en plus vite) est difficile car le rythme s'accélère progressivement et il est très difficile de l'assumer rythmiquement. Les enfants ont encore du travail mais nous y arriverons et je crois que le résultat sera vraiment charmant ! Ce sont des filles de 7 à 13 ans, toutes mignonnes et ce serait formidable que nous puissions un jour les faire chanter en live avec nous !

 

 

 

 

Donc voilà, le maquettage du prochain CD avance, dix morceaux sont maintenant définis, il en reste deux dont "Rue d'Arènes" que nous avons déjà joués sous différentes formes, il ne reste qu'à en fixer une version définitive. Pour le douzième morceau j'ai encore quelques doutes... "L'homme qui fuit" ? Que nous avions déjà joué l'année dernière, ou une nouvelle chanson, énergique, plus courte ? A voir...

 

Le projet se poursuit donc, il gardera son côté multi culturel, pluri linguistique et international.... Le retour de Karel dans la formation confirme que c'est bien comme ça que ce groupe doit être, et le passage par l'ordinateur et la communication Internet nous permettra de travailler à distance, mêlant présence réelle et présence virtuelle ! Après tout nous sommes au XXIème siècle, donc positivons et soyons fous !

 

 

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Mercredi 12 mai 2010, Tabor (cz)  

 

Bonne surprise en découvrant les photographies du nouveau centre Georges Pompidou à Metz.

 

Voici le commentaire que j'ai laissé sur le site de focalize qui présente quelques photographies de ce nouveau temple de l'art contemporain :

 

L'association de l'angle et de la courbe.... la légèreté, la délicatesse doucement maniérée des motifs des structures porteuses et de la charpente en bois.... la luminosité à double sens, de jour vers l'intérieur, de nuit vers l'extérieur.... 

Une sorte de synthèse de deux cultures, l'européenne et la nippone, et la deuxième aidant la première à sortir des voies sans issue dans laquelle la première s'était engagée depuis un demi siècle (constructivisme & co), pour renouer avec des tournures plus humaines et plus "écologiques" des débuts vingtième... 

Bref, c'est une belle réussite. Une oeuvre apaisée, plus fraîche que sa grande sœur parisienne, moins envahie de "valentine", et plus ouverte vers un art interrogeant non plus nos structures sociales et ses concepts intérieurs mais une vision plus universelle, plus globale et plus respectueuse de l'homme et du vivant....

 

 

 

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Dimanche 16 mai 2010, Kamenice nad Lipou  

 

 

A l'occasion d'une soirée organisée par le Musée de Kamenice, nous voici à nouveau dans la petite ville. Malheureusement le temps n'est ni avec les organisateurs, ni avec les visiteurs qui ont un peu manqué hier pour découvrir la nouvelle exposition permanente du Musée. Peu dans gens donc dans la cour du château pour festoyer en compagnie de deux groupes musicaux, l'un de jazz de la nouvelle Orléans, l'autre d'un folk qui aurait mieux convenu autour d'un feu de camp que sur le pavé glacial. La bise nous a bien vite chassée et nous avons terminé la soirée au chaud avec bon repas tchèque et une bouteille de vin blanc de Moravie !

 

Nous avons eu la chance d'être invités à passer la nuit dans le château. Ludmila connaît bien la ville pour y  avoir monté une exposition sur le compositeur Novak, natif de Kamenice. En plus elle travaille maintenant, avec le pianiste Jaroslav Kvapil (un des pianistes tchèques les plus connus) sur l'organisation d'un concours international de piano qui aura lieu en juin.

 

La chambre où nous avons dormi fait partie d'un ensemble servant à accueillir des artistes lors de symposiums (nous appellerions cela des Résidences d'artiste) organisés régulièrement au château. Il faut dire que le château appartient au Musée d'art moderne de Prague et est utilisé pour le stockage d'une partie des collections nationales. Il se trouve, de fait, ultra sécurisé, caméras tout autour, détecteurs de présence dans toutes les pièces. Cette nuit,  lorsque nous bougions un bras, on voyait le détecteur de présence s'allumer... puis s'éteindre dès que le mouvement s'arrêtait...

 

Voici la vue que nous avons depuis le couloir qui mène à notre chambre......................... et vu de dehors...............

 

 

Avant hier nous avons réalisé le premier enregistrement définitif pour le CD "La grande Transhumance". Il s'agissait du chœur des enfants pour "Les Cigognes d'Helpa". Nous avions rendez-vous dans le petit studio de Yan Valter. Je ne suis pas complètement satisfait du travail mené par Yan dans le sens où j'avais demandé que chaque enfant ait un casque pour entendre l'accompagnement et qu'on s'est retrouvé avec un casque pour quatre. Mais il s'agit d'un chant du folklore slovaque et Ludmila m'a dit : "c'est exactement comme des enfants slovaques l'auraient interprété". Il y a même une petite fille qui se met parfois à prendre la deuxième voix, - qu'elle l'ait fait sans s'en rendre compte est très curieux. Donc c'est un peu brouillon mais c'est frais comme un bouquet de fleurs des champs !

 

 

 

 

Je suis en train de lire le livre d'Emilie Barrucand intitulé "Wayanga - Amazonie en sursis" (Editions "Le cherche Midi"). L'auteur est une jeune femme qui a allié des études d'anthropologie et un travail militant, travaillant à l'organisation de rencontres interethniques afin de mettre les peuples indigènes d'Amazonie et du monde entier en réseau pour mieux résister aux dangers d'invasions coloniales. 

 

La jeune présidente de l'association Wayanga nous raconte ses séjours chez les indiens Mëbêngôkre du Brésil. Elle en décrit l'organisation sociale, les rituels, la vie au quotidien. C'est très agréable à lire et très éclairant quant à la grande valeur et à la grande fragilité de ces peuples. Il est absolument indispensable qu'ils soient protégés, qu'ils gardent leur territoire dont il est incontestable qu'ils sont les propriétaires légitimes, et qu'ils conservent leurs coutumes et leur savoir. Ces peuples sont un gisement inestimable de sagesse humaine. Leur économie et leur organisation sociale pourraient inspirer des modèles d'avenir lorsque nos sociétés de croissance continue arriveront à leurs seuils critiques. Ils représentent un patrimoine humain mondial et devraient être protégés par un système d'accords mondiaux. Mais voilà, chez nous les barbares sont encore tellement puissants... 

 

Dès que "Ne les approchez pas", la chanson que j'ai écrite à propos de ces tribus menacées, sera enregistrée, j'en enverrai une copie à la jolie Mopkwoy (le prénom indien donné à Emilie Barrucand). Il faut que tous ceux qui veulent aider ces peuples se mettent en contact. Il ne suffit pas de penser, il faut agir aussi....

 

 

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Dimanche 18 juillet 2010, Tabor, CZ

 

Se fiancer... Quelle étrange idée... Ceci dit, pour un couple qui ne vit pas ensemble, et qui habite même dans deux pays différents, n'est-ce pas une bonne façon de ritualiser l'engagement de leur union ? J'ai vu tant de mariages catastrophiques....

Quelques amis, la famille proche, et voici que la partie tchèque et la partie française pouvait enfin se rassembler autour d'un rituel réunificateur. En outre on a eu la chance de pouvoir célébrer cela dans ce magnifique petit monastère rococo, une de mes plus belles rencontres architecturale avec Tabor.

Klokoty, photo prise le 5 septembre 2002

 

Voici donc quelques photos, pour ceux qui auraient voulu être là et qui n'ont pas pu, pour les amis, et pour le souvenir....

 

Les premiers à être arrivés à Tabor furent Samuel et sa famille, c'était donc mercredi :

Vendredi soir arrivait la famille française, nous voici tous réunis chez Ludmila :

 

Le lendemain, à cinq heures rendez-vous à Klokoty, des jeunes moines en guise de prêtres, quelques habitués de la messe du samedi après-midi, et nos familles et amis réunis. Ludmila avait préparé la programmation musicale de la messe avec le chœur dirigé par Helena (qui a dirigé le chœur d'enfants pour "Les Cigognes d'Helpa", un morceau de mon futur album). Ludmila avait prévu de chanter, accompagnée par l'orgue, le "Ave Maria" de Haendel

 

A côté de l'organiste, là-haut, le chœur dirigé par Héléna.

 

Les parents de Ludmila, très soucieux de l'organisation de la cérémonie....

 

Lecture du "Cantique des Cantiques" en duo avec Ludmila, - lettres d'amour, ça me va. Karel au Luth...

 

Sympa aussi les jeunes familles...

 

 

Bagues, baiser et pose à la traditionnelle....

 

 

Photos des deux familles... Franche-comté à gauche, Bohème à droite.  Eh ! la petite Victoria, à droite, elle s'est trompée de côté !

Remettons-là à sa place auprès de sa mère, de sa sœur  et de son pote français !

 

Et n'oublions pas l'auteur de presque toutes ces photos : Théophile, notre gentleman qui malheureusement vient de provoquer un arrêt cardiaque de sa prof de Français. L'incident est arrivé quand le professeur a découvert que son cancre d'élève s'était permis d'avoir 19 sur 20 à l'écrit du Bac de Français. Toutes nos condoléances à sa famille !... Et regardez l'auteur du scandale : il sourit !

 

La fête se poursuit au restaurant Pintovka, on fait un toast, c'est comme ça en République tchèque, chacun fait son vœu et lève son verre. Ivan, notre ami et ancien prof de Français de Ludmila est en plein travail : c'est l'interprète officiel de la journée. Courageux ! Grand merci à lui !

Entre ma mère et moi, Jara Novotny grâce auquel nous nous sommes rencontrés avec Ludmila. Normal qu'il ait été de la fête !

 

Personne pour s'occuper du petit concert que nous avons fait avec Ludmila et Karel. On n'aura donc pas de photos... Aussi a-t-il fallu que je m'occupe de la suite et photographier Samuel et Théophile avec qui nous avons partagé les dernières chansons de la soirée !

 

 

Le lendemain, pique-nique au bord d'un lac avec toute la smala franco-tchèque !

      

 

 

 

 

 

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Mardi 24 juillet 2010, Besançon

 

 

16 mai aux 18 et 24 juillet... Quelle saute dans le temps ! Mais que s'est-il passé ? Il s'est seulement passé une suite de projets qui vous emportent dans leur mouvement, leurs incertitudes, leur dévorant besoin d'attention. Pas la place pour un temps de réflexion, silence...

 

Des fiançailles, un festival à préparer pour le 2 octobre et le  CD "Transhumance" écrit et composé pendant tout l'hiver... Le voici en partie enregistré. Onze chansons, beaucoup de couleurs, de duos, de sons (samples de toutes provenances) et de collaborations d'invités... Une équipe de musiciens qui ont tous apportés le maximum de leur savoir faire, de leur talent...

 

Remerciement particulier à Stéphane Métin qui a assuré avec moi la direction artistique de l'album, notamment en ce qui a concerné l'aspect rythmique où il a une sensibilité et une précision sans comparaison avec la mienne. Pour ce qui est aussi des questions de préparation et de planing : sans lui beaucoup de temps aurait été perdu et les conséquences désastreuses en terme de budget et de précision. Par ailleurs Stéphane, comme tous les autres musiciens, s'est mis au service de l'album, dans un grand respect de mes choix, ce qui donnera un projet je pense cohérent, un tout où chacun a donné le meilleur de lui-même. 

 

 

Ce fut donc le cas pour tous les musiciens : 

Gregory Culas à la batterie, humainement et musicalement, une merveille !

 

Karel Juran bien sûr, mon vieil ami tchèque, mon frère et collaborateur depuis six ans ! 

 

 

 

Avec Stéphane on peut dire que ces trois musiciens ont été les "piliés" de ce projet. 

 

Il y a eu aussi des musiciens qui ont participés un temps au projet et qui s'en sont retirés, se sentant trop éloignés de la nouvelle orientation que j'ai pris pour ce nouvel album. Jeff Melin aux claviers qui néanmoins intervient sur deux titres (que nous avions travaillés ensemble l'été dernier). Jeff n'est pas venu au studio, ses parties de clavier étaient déjà enregistrées.

 

Jean-Pierre Mouton qui m'alarmait depuis un moment sur le fait que je lui demandais des choses qui étaient en opposition avec son style, tant au niveau harmonique qu'au niveau du son de guitare. La séance d'enregistrement a été douloureuse pour lui, jusqu'à la saturation. Dès lors il m'a fallu constater qu'il fallait qu'on arrête, tant il est difficile pour un artiste d'être utilisé en contre-emploi. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir pour Jean-Pierre un immense respect et une grande admiration !

 

 Le projet s'est donc poursuivi et se poursuivra par la suite avec Fabien Piel qui s'est immédiatement senti à l'aise dans ces nouvelles orientations. Fabien est un ami de longue date. Plutôt sceptique sur les anciennes chansons, dès qu'il a entendu la maquette de ce nouveau CD il m'a immédiatement témoigné son enthousiasme. Réaction à l'opposée de celles de Jeff et de Jean-Pierre. Les musiciens viennent avec leurs goûts et leurs intérêts, et leurs goûts et leurs intérêts peuvent se trouver en accord ou en contradiction avec l'évolution d'une création.

Autour de mes collaborateurs réguliers, il y a eu aussi des artistes invités. Ce fut le cas d'Emmanuel Tregouët qui poursuit avec moi une collaboration régulière, plus où moins proche selon les moments. Il jouait la guitare Manouche dans "Le singe Drako" du précédent album. Il était dans le projet de Philépotes, est le principal guitariste de "Frontières". Et il est revenu avec sa guitare Manouche pour interpréter les guitares de "Gens du voyage", une chanson que je dédierai à la famille Gaguenetti qui l'a en partie inspirée. Quelle précision ce Manu ! Ils l'ont surnommé au studio "l'américain" tellement l'enregistrement des prises a été rapide et précis ! Tellement rapide et précis que malheureusement on n'a pas eu le temps de sortir l'appareil photo ! Oh, dommage Manu !

 

Autre artiste invité : Mohand. Il intervient sur une chanson qui a pour titre "Ilhem". Mohand y joue un instrument traditionnel berbère, le Ghambri, et y chante en duo avec moi. Il a fait aussi la traduction en Berbère des phrases qu'il chante, traduction ou plutôt adaptation à partir du texte français de la chanson. Quel charme et quelle douceur Mohand ! 

Nous avons aussi bénéficié de quelques heureux hasards, comme la rencontre, quelques jours avant le début de l'enregistrement, avec 

David Lefebvre qui joue du.... Cymbalum ! Rencontrer un cymbalumiste à Besançon, un miracle ! Bien sûr ce n'a pas été facile pour David de devoir apprendre en dernière minute un morceau qui est particulièrement difficile (tout le monde en a bavé !) mais il s'en est remarquablement bien tiré et son magnifique instrument a soulevé l'enthousiasme de toute l'équipe ! David est à Besançon depuis quelques mois seulement et tout le monde lui a demandé son contact ! Des projets à venir pour David !

En tout cas cette semaine et demie d'enregistrement s'est déroulée dans un super bon esprit de travail et d'échanges humains, Yann et Seb, du studio le Cube se sont mis au service des musiciens et nous avons pu mettre tout en boite malgré la complexité du projet, une grande diversité d'instruments, un planing très serré, gèré très scrupuleusement par Stéphane, qui a mis toute ses expériences passées (notamment avec Aldebert) au service du bon déroulement de celle-ci.

 

Mais l'album n'est pas encore complètement enregistré. Demain aura lieu la dernière séance. Ce sera cette fois dans un studio tchèque où nous allons enregistrer les voix de Ludmila et celles que je n'ai pas pu enregistrer. Ce sera encore une grosse demie journée de travail car les voix de cinq chansons sont encore à enregistrer pour moi, et trois pour Ludmila.

 

Après demain donc tout devrait être fini côté studio. Avec Stéphane nous devons encore enregistrer quelques petites percussions, des petites choses que nous ferons avec nos propres moyens. Et puis en août le mixage... Donc nous n'en sommes pas encore au bout.... Mais le plus gros du travail est fait !

 

 

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Vendredi 13 août 2010, Kerhostin, Bretagne sud

 

Oh comme les vacances passent vite ! Me voici soudain à deux jours du retour, revenu de Nantes où Ludmila a pris son bus ce matin à 7 heures pour rentrer en République tchèque, un voyage de 24 heures qui la fera arriver peu avant nous. Théo est allé découvrir l'Ile de Ouat qui est le paradis des jeunes gens et me voici soudain tout seul dans le camping en me disant que cette saison sera bientôt finie...

 

Les séjours en Bretagne rythment ma vie, depuis 24 ans je crois que j'y viens presque chaque été. C'est un peu d'ici que je sens le temps avancer, comme un bateau vers une destination floue mais certaine....

 

Nous n'avons pas eu beaucoup de temps Ludmila et moi pour faire beaucoup de photos pendant ce séjour. Temps où attention ? Comme si notre présence suffisait à combler le besoin d'instantanés. Et puis j'ai ici mon travail de musicien des restaurants qui me prend quand même beaucoup de temps, le soir à Quiberon et souvent le midi au petit port de St Goustan. Mais la Bretagne a ses parfums, ses saveurs, ses traditions, son climat changeant et doux, sa rêverie permanente, son appel vers le large.... Le charme n'est pas fulgurant, il pénètre en vous avec le temps. Je le vois s'exercer sur Ludmila qui, peu sensible au début, à chaque séjour se voit gagnée davantage, et cette fois, elle avait bien du mal à accepter l'idée d'avoir à partir...

 

Cette année nous en avons profité pour découvrir l'Ile de Groix, à l'occasion de mes congés du lundi (pas de guitare le lundi !). C'est la première fois que je vais sur cette Ile. On connaît l'adage "qui voit Sein voit sa fin, qui voit Groix voit sa joie" et effectivement, sa taille est idéale pour le promeneur, deux bourgs majeurs, Groix et Locmaria, une foule de petits hameaux, et une dimension qui en permet la découverte à pieds. A peu près deux fois plus petite que Belle Ile, elle est idéale pour les brefs séjours. Nous avons trouvé l'une des dernières chambres libre de l'Ile dans une petite pension, au bar le Triskell, qui nous a offert une nuit pour 27 euros ! On est surpris dans ces Iles Bretonnes, de la clémence des prix qui y sont pratiqués. Ce n'est pas exceptionnel qu'on nous propose un café pour 1€ par exemple et il y a d'excellentes tables pour le prix de bien moindres sur le continent. Quelques images de l'Ile où la poésie semble y avoir été semée par des mages souriants :

 

  Attente du bateau au port de Lorient

 

        

Depuis le bateau, vieux gréements croisés et le phare du port de Groix

 

   

Dans les rues entre le port et le bourg....                                       

                                                                                                   Et ci-dessous la seule charcuterie qui ait jamais intéressé Ludmila !

 

 

 

Le port, le soir....      

Et petit port de Locmaria :

  Ludmila très intriguée par les pêcheurs de coquillages. Il est vrai

                                                                                         qu'en République Tchèque, les coquillages.... c'est de la science fiction !

 

 

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Dimanche 3 octobre 2010, Place d'Arènes, Besançon

 

 

Je suis dans une caravane. Il est 23 heures. Je pensais qu'il y aurait de l'électricité mais elle a été coupée. L'électricité on l'avait prise pour "Le chant du Caméléon", un ticket bleu et un ticket jaune ils appellent ça, EDF. Ca permet d'avoir beaucoup de courant, surtout le ticket jaune. Mais il paraît qu'on en a trop pris, que pour un festival on n'en a pas besoin d'autant : avec ça on aurait pu alimenter un village tout entier paraît-il ! Faut s'y connaître en électricité !... 

Alors, comme le festival s'est terminé hier, EDF a coupé le courant car  l'abonnement était fini. Du pouvoir d'éclairer un village on est passé au pouvoir d'éclairage de quatre bougies... dans cette caravane...

 

La caravane c'est celle d'Etienne. Etienne ça a été le régisseur du "Chant du Caméléon". Un type bien cet Etienne, avec qui il a fait bon travailler, même si c'était compliqué et qu'il a eu du boulot jusqu'au dessus de la casquette. Mais il a tenu bon Etienne, il s'est même pas énervé ! Ou presque pas.

 

"Le chant du Caméléon" c'est fini maintenant. La place d'Arènes est vide et elle est rentrée dans le noir. Bientôt elle redeviendra un parking, comme elle est devenue depuis quelques semaines. Un parking avec des barrières, des caméras de surveillance et du noir... A se demander si les caméras peuvent voir quelque chose...

 

Je suis dans la caravane place d'Arènes car on nous a demandé d'assurer un gardiennage pour le matériel de la Ville. Alors comme on n'avait pas les sous pour payer des professionnels, c'est moi le gardien. Bof, pourquoi pas dormir dans une caravane sur la place d'Arènes, un parking pour l'instant ouvert aux quatre vents...

 

Hier soir ici ce n'était pas la nuit. C'était la lumière de la scène, de la musique, des artistes et celle des chalets et des terrasses des commerçants du quartier où le public riait parlait et écoutait les artistes. C'était la bonne humeur, c'était un village en fête et joyeux. C'était un village où les gens étaient des Français de toutes les origines, et certains peut-être même pas français. Et personne ne se regardait en chien de fusil, tout le monde avait le sourire et était bien, ici, à Besançon, en Franche-comté, en France, en Europe. C'était beau... 

 

"Combien de sanglots pour un air de guitare" disait Aragon. Voilà, hier c'était l'air des guitares, après un chemin semé d'épreuves par des gens qui ne souriaient pas. Pourquoi ils ne souriaient pas ? Parce qu'ils ont des responsabilités et que les responsabilités ça fait peur. C'était quand même la première fois de ma vie qu'on m'envoyait deux gendarmes, par deux fois, pour me faire signer des papiers. Ils étaient gentils ces gendarmes, je me suis même demandé s'ils n'étaient pas un peu gênés de venir chez moi comme ça, avec un papier à me faire signer, simplement parce que Mina devait peindre en rappel et que le Maquis et le Dom Tom avaient monté un petit chapiteau. Je n'avais jamais entendu parler de cela. On apprend des choses quand on devient organisateur de festival... Je crois qu'on apprend essentiellement que si le dialogue n'est pas bon les malentendus pleuvent...

 

Il paraît que des gens ont pris des photos hier. J'espère qu'ils nous les feront voir ! j'ai même vu quelqu'un avec une caméra, un ami du passé, du temps où je jouais la guitare et chantais à la boite à sandwich. La fête que c'était avec ces étudiants en science, en biologie ! Ca finissait debout sur les tables ! Ca fait longtemps déjà maintenant...

 

Faut croire que j'aime ça, inciter les gens à faire la fête. Faut croire que j'aime ça le bonheur. Mais avant faut travailler dur et avec des gens qui ont peur du pire et qui vous demandent des choses incroyables, qui se mettent à vous regarder d'un drôle d'air, comme si vous leur aviez fait du mal. Alors que vous, vous mettez toutes les réserves de votre esprit et de votre corps, parfois même un peu au delà de vos limites, à faire en sorte que le moment de fête ait bien lieu, qu' un village d'utopie soit construit, - un village d'utopie pour faire oublier combien les hommes sont capables de se haïr, de se rendre malheureux et parfois même de s'entretuer...

 

En revanche, il faut dire aussi que, dans les moments où on fabrique des évènements pas faciles, on croise des gens formidables ! Des gens qui semblent vous comprendre avant même que vous ayez donné d'explication, qui semblent savoir d'office ce que vous recherchez, la paix, le bonheur, et qui ont envie de vous aider à construire ce bonheur, à vous en donner les moyens... A vous expliquer comment y arriver, comment réussir. Des gens que vous découvrez, comme ça, d'un seul coup, et qui vous étonnent et qui vous émeuvent. Qui ne semblent pas vous regarder comme un diable, comme un monstre ou je ne sais quelle figurine de caricature, mais simplement comme quelqu'un de courageux. Et ces gens là, des hommes comme des femmes, deviennent comme des sortes d'anges (ceux qu'on voit par exemple dans "Les ailes du désir") et ils se mettent à vos côtés pour que le moment de paix et de bonheur survienne....

 

C'est à ceux là que je pense ce soir. Dans ce moment de relâche, dans cette caravane sur la place d'Arènes. Dans ce moment de quiétude avant que j'analyse les comptes et que je découvre les dégâts. Car il est presque certain qu'il va y avoir des dégâts, et un autre stress va revenir, un nouvel état d'alerte, un nouvel impossible à essayer de rendre possible... 

Oui, penser à ceux qui ont apporté leur soutien, leur confiance, qui ont donné leur temps, qui ont finalement réussi à rendre le premier impossible possible, qui ont contribué à ce que la magie surgisse d'un parking d'habitude si sombre la nuit, si silencieux, si vide, si triste....

 

Oui, une pensée émue à ceux qui ont permis que "Le chant du Caméléon" ait bien lieu, lui qui, il n'y a même pas un mois, était condamné. Ce sont deux élus qui ont sauvé le festival. C'est la démocratie qui a sauvé le festival...

 

Aussi, à tous ceux qui ont donné leur temps, leur énergie, leur sympathie, leur concours au "Chant du Caméléon", tous mes amis d'avant, oh combien chers! et ceux qui sont devenus de nouveaux amis, - et même à ceux qui, en y travaillant, ont perdu leur sourire - à vous tous, du fond du cœur,  un grand merci !

 

 

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Lundi 18 octobre, Dans le ciel

 

 

Me voici, après de nombreuses préparations et stress divers, dans le ciel entre Lyon et Paris. Les oreilles se bouchent et se débouchent. Tout le monde autour de moi lit quelque chose, que ce soit un journal (presque toujours pour les hommes) ou une revue (presque toujours pour les femmes). Je dis "presque" pour ne pas paraître excessif. Mais j'aurais pu l'enlever sans trahir...

 

 

LA SUITE ET L'ENSEMBLE DES CARNETS DE RUSSIE, CLIQUER ICI

 

 

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Mardi 16 novembre 2010, Botel "Albatros", Prague

 

Je commençais à écrire ici :

lorsque Ludmila est arrivée pour me dire que nous devions partir, que nous devions aller à la gare prendre notre train.... Quel dommage.... J'aurais bien passé la fin de la matinée à écrire dans le restaurant du Botel Albatros, un de ces trois hôtels flottants de Prague...

 

Nous sommes venus ici, à Prague, car nous étions invités par Jarovslav Kvapil et sa femme Jill. Jara, diminutif qu'utilisent les tchèques pour Jarovslav, est un des plus grands pianistes tchèques et certainement le spécialiste des compositeurs tchèques. Il a joué tout Dvořak plusieurs fois, Janacek, Suk et j'en passe. Ludmila a fait sa connaissance lorsqu'elle a réalisé son exposition sur un autre compositeur tchèque, Novak dont elle est une des spécialistes (elle y a consacré sa thèse). A l'occasion de cette exposition, avec quelques autres musicologues, dont le très réputé Schnierer, mentor de Ludmila, ils ont décidé d'organiser un concours international de piano sur la base des oeuvres pour piano de Novak. Toutes ces occasions ont permis une amitié entre Ludmila, Jara le virtuose et sa femme Jill.

Et comme sa femme Jill est française (en fait d'origine anglaise), cela a permis un rapprochement de nos deux couples.

Nous voici donc invités à Prague, ce qui nous donne l'occasion de passer une journée dans cette ville où, fait surprenant, nous ne sommes jamais venus ensemble !

Vers midi nous arrivions dans l'appartement de Jill et Jara, un bel appartement sur deux étages en haut d'un immeuble, à l'Est du centre.

Jill, fidèle à la gastronomie française avait tenu à nous faire déguster de bonnes choses et notamment une poularde de Bresse excellente qu'elle avait ramené de Paris la veille.

Becherovka à l'apéritif, un peu trop, puis vin du Jura, Chardonnet et Savagnin, le repas fut joyeux. Jarovslav a fait quand même une petite sieste pendant l'après-midi. A 78 ans il faut ménager son énergie.

  

Nous avons quitté nos vieux amis vers six heures et avons rejoins à pied le centre ville.

 

En route, la gare de Prague.

 

Il se trouve que nos amis Julien et Jessica, connaissant notre goût pour les hôtels de charme, s'étaient proposé de nous offrir, pour nos fiançailles, une nuit dans le lieu qui nous plairait. Ludmila a donc pensé que cette journée à Prague serait l'occasion d'accepter leur gentil cadeau et se souvint d'un très curieux hôtel en forme de bateau flottant sur la Voltava, le Botel "Albatros". Nous y avions donc réservé une chambre et, avant de ressortir dîner en ville, nous sommes partis à la recherche du "paquebot".

 

Nous avons fait une pose café, place Venceslas, dans la brasserie de l'hôtel Europe, un très joli établissement Art Nouveau (les Tchèques parlent de style "Cécession"). La place Venceslas est très connue puisque c'est là que le jeune Jan Pallach s'est immolé pour exprimer sa révolte contre l'arrivée des chars Russe, en répression du printemps de Prague.

 

 

Et puis nous sommes repartis sous un brouillard tombant vers notre hôtel. 

L'hiver est pour moi la plus belle saison pour visiter Prague. En été le tourisme est omniprésent et fatiguant. Et sous le soleil, Prague ressemble finalement à toutes les villes touristiques. En hiver, ou à la fin de l'automne, les touristes se raréfient, laissant la ville vivre sa vie, et lorsque la nuit tombe, que le pavé brille sous l'humidité, c'est l'enchantement.

 

 

Permettez, mais j'adore ces vieux trams rouge.... Vous préféreriez peut-être voir ceci :

Les cygnes, le Château, la Voltava, et les immeubles empire austro-hongrois... Un cliché qui nous fascinera toujours.... Pour la bonne raison qu'il est parfaitement authentique !

 

Enfin nous arrivons, le deuxième pont après le pont Charles, à notre bôtel (de bateau et hôtel). En été vous y paierez votre chambre assez chère (100€), en hors saison c'est un des hôtels les moins chers de Prague (40€). Choisissez votre saison !

 

Après avoir découvert notre petite chambre, qui ressemble à l'intérieur d'une caravane, sauf que le bois laqué y a les couleurs du merisier, absolument charmant pour qui ne supporte pas que les grands espaces, nous sommes ressortis nous promener dans cette ville qui est, disons le, une des plus belles d'Europe, d'autant plus que son centre historique peut être parcouru à pieds. Les ruelles pavées, des restaurants et des bars partout, des serveurs qui commencent, avec les nouvelles générations, à se montrer aimables (avant leur accueil était une horreur).... un vrai paradis pour un couple d'amoureux !

Quelques photos pour vous donner une vision peut-être un peu différentes de ce que vous aviez déjà vus de la ville. Clichés marqués par les bords de la Voltava, une promenade chargée d'une atmosphère puissante, entre le poids de l'histoire et l'abandon charmant des bateaux de tourisme pendant la morte saison....

 

On était d'abord dans un restaurant situé dans la maison de l'architecture, et puis nous avons marché sous la bruine d'automne...

 

   

 

 

Nous sommes maintenant mercredi soir lorsque je termine cette page. Demain retour à Besançon. Je n'y rentrerai pas seul mais avec un petit animal qui va venir vivre avec nous à Besançon, - je vous présente Chanelka !

 

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Mercredi 8 décembre 2010, Besançon

 

 

Passé ce mercredi à la Journée d'Études et de sensibilisation autour des médias et de la lutte contre les discriminations organisée par Radio Campus et notamment Aurélien Bertini qui est à l'origine de ce projet.

 

C'était une journée très intéressante, et hélas, pas très courue par le public, preuve que le sujet des discriminations ne passionne pas tout le monde, - ce qui nous aurait surpris. Mais la cause a quand même ses adeptes et ceux qui étaient là ont suivi avec intérêt les interventions des uns et des autres.

 

J'ai donc pu assister à une conférence de Reynald Blion, du Conseil de l'Europe, qui nous a présenté très professionnellement un bel état des lieux européens, notamment en matières d'actions, de systèmes légaux mis en place au niveau européen pour lutter contre les discriminations dans les médias. Tous les états n'en sont pas aux mêmes niveaux sur ce sujet mais il était intéressant de voir les évolutions des uns et des autres.

 

Ensuite tout le monde se répartissait dans trois ateliers et j'ai assisté à la présentation de Sylvie Debras qui a fait une présentation très pêchue d'un sujet qu'elle défend bec, bras et ongles : celui de la représentation des femmes dans la presse. Sujet nourrit par un grand nombre d'exemples, - et qui avait l'intérêt d'être défendu avec passion.

 

L'après-midi a commencé par un exposé d'une personne qui a traité son sujet avec beaucoup d'intelligence, Noria Belguerri, membre fondatrice de l'association "Les indivisibles", association qui relève, dans des dessins animés satyriques, les bourdes ou les énormités commises sur la question des discriminations par les animateurs de médias, les hommes politiques, les journalistes. Une activité très louable condamnant des attitudes, des propos intolérables. Noria Belguerri, a présenté son sujet avec clarté, charme (on peut quand même le relever) et surtout, par rapport à d'autres, avec un début de justification.... Mais on va y revenir plus loin.

 

Une table ronde a suivi où des représentants de la presse locale ont témoigné de leur engagement dans le domaine du refus des discriminations. J'avoue avoir trouvé ces interventions relativement honnêtes et plutôt sympathiques. Ca change, j'entends souvent médire de l'Est Républicain, mais finalement, rien de grave à leur reprocher dans la matière et une éthique plutôt bonne. Certes ils ont plus de journalistes hommes que de journalistes femmes... Mais c'est rare aussi qu'ils emploient de nouvelles recrues ! Les journalistes ont presque tous mon âge et je pense qu'ils seront là jusqu'à leur retraite. Quand on les remplacera je suis sûr que la "maison" accordera mieux la place des femmes et celle d'autres diversités !

 

Philippe Godard et Annie Ménétrier ont clos la journée. Philippe avec son engagement rafraîchissant, Annie avec une belle prestance de femme politique (c'est je crois la seule qui a parlé de "paix sociale"). Ces deux discours de "clôture" a porté préjudice aux derniers ateliers, puisqu'une grande partie du public est partie à ce moment là, laissant à Philippe et à Caroline Dayer si peu de spectateurs que Philippe a laissé Caroline Dayer faire seule son exposé. Universitaire, Caroline Dayer a travaillé à partir d'un article paru dans un quotidien suisse d'une teneur Homophobe absolument grotesque et insupportable. Son analyse de ce "torchon" et des conséquences dans le canton du Valais a été tout à fait digne d'un travail de chercheuse.

 

Chacun a donc rempli sa mission honorablement, et l'ensemble de ce que j'ai entendu était intéressant et pertinent. Pourtant à un moment j'ai senti quelque chose qui n'allait pas. Ce quelque chose ne concernait aucune intervention en particulier, seulement je me suis mis à penser : "mais, pour celui qui ne serait pas convaincu du fondement de la lutte contre les discriminations, est-ce que ces arguments seraient convaincants ?" Et là, soudain, j'ai eu l'impression que tous ces points de vue étaient fondés sur des conventions dont personne ne songeait à nous dire ce qui les motivait : Pourquoi je dois vouloir que la presse parle positivement et intègre dans ses équipes des femmes, des descendants d'immigrés, des homosexuels ? Au nom de quels principes ? Personne n'a abordé ce sujet. Et pourtant les intégristes catholiques savent pourquoi ils condamnent les homosexuels, les intégristes musulmans savent pourquoi ils veulent que leurs femmes cachent leur peau et leurs cheveux et restent à la maison, les extrémistes de droite savent pourquoi ils veulent que les "étrangers" retournent dans leur pays. Mais les "prêtres" de la diversité oublient de nous en parler.

 

Et c'est grave. Car si j'entends une féministe qui se plaint que les femmes gagnent moins que les hommes, cela laisse entendre qu'elle veut gagner plus. Et si moi je gagne moins ma vie que cette féministe là, pourquoi je serais intéressé au fait qu'elle gagne davantage ? Et le couple homosexuel qui demande de pouvoir bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels, en quoi, moi qui ne le suit pas, je rejoindrais sa cause ? Et enfin, au nom de quel principe moi qui ne trouve pas de travail j'aurais envie que celui que je considère comme l'immigré, "l'autre", puisse en trouver ?

 

J'ai en plus relevé une phrase dans l'intervention de Noria Belguerri, malgré toute la sympathie que cette jeune femme brillante m'inspirait. Elle a dit "Nous qui croyons en la diversité"... CROIRE... Croire, c'est bien ce dont se vantent tous les croyants qui, sur la question, ne sont pas très brillants de tolérance ! Alors serait-ce dans une église sans Évangile, Coran, Torah, que nous nous serions assis ?

 

Il y aurait donc eu un "chaînon manquant" qui fait que j'ai eu l'impression qu'on me demandait d'agréer à une cause sans m'en donner les principes. Et, au final, j'ai ressenti que tout le monde se trouvait pris dans une convention de fait, se posant sur un non dit, qui au final revient à dire "oui" bêtement à une cause, à y agréer par pression du plus grand nombre, sans qu'aucune argumentation soit faite sur la validité de cette façon de penser. Bref à dire "oui" parce que c'est dans l'ère du temps...

 

Et cette posture est insoutenable, et, en outre, elle est indéfendable. Le moindre extrémiste présent dans la salle serait sorti en rigolant convaincu du fondement de sa pensée et méprisant tous les efforts des uns et des autres de prouver qu'on doit tous être égaux !

 

Pourquoi la diversité doit être ? Quels principes font que je dois me rendre solidaire à la cause des femmes, des homosexuels des immigrés et leurs enfants ? 

Pourquoi la presse doit-elle veiller à la représentation non discriminatoire des minorités ? Est-ce si évident qu'on s'abstienne d'en parler ? Non ce n'est pas évident, et, en plus, je suis convaincu que les principes divergent selon de quelles discriminations on parle.

 

La paix. C'est au nom de ce principe que les inventeurs de l'Europe ont construit leur projet, et élaboré son éthique. Par honte des juifs, des noirs, des tsiganes, des homosexuels industriellement massacrés ou horriblement traités et exploités dans des camps aux principes scandaleux. 

 

La paix oui, et plus tard la paix sociale qui nous a fait plonger dans des philosophies anciennes et largement contestées un peu plus tard, pour donner forme à une cohérence éthique permettant d'accepter des principes rentrant en conflit avec les principes jusqu'alors convenus.

 

Nous essayons de donner un cours logique à une modernité qui a dû rompre avec une histoire passée, une histoire faite d'intolérance calculée pour qu'elle serve des intérêts de classe. Intérêts comme l'exploitation et le refus de promotion des peuples colonisés, - quand ils n'étaient pas utilisés comme esclaves. Ces principes sur lesquels nous essayons de reconstruire une société européenne s'ancrent sur la constatation d'un échec, celui d'une forme de construction sociale qui, de fil en aiguille, a mené à un désastre, à un sentiment de honte, de déni de soi. Lourd héritage transmis par une génération à ses enfants, ses enfants qui ont décidé de construire d'autres bases, à partir de préceptes philosophiques pourtant beaucoup plus anciens mais qui pouvaient répondre au désarroi dans lequel se sont trouvés ces "enfants de la honte".

 

Cet argument non seulement aide à savoir pourquoi nous, français d'origine, nous devons penser égalité, lutte contre les discriminations, mais pourraient aussi faire comprendre à ceux qui n'ont pas hérité directement de cette histoire, que tout retour en arrière reviendra à commettre les mêmes erreurs.

 

J'ai discuté avec des jeunes musulmans qui avaient été convaincus par des aînés qu'il était bon de penser nationalisme, retour au fondamentalisme religieux et racismes de toutes sortes. Car certains prennent le temps d'expliquer, à ces jeunes, leur façon de voir l'histoire, leur histoire. Si nous, nous nous permettons de faire l'impasse sur ces explications fondamentales, comment les jeunes pourront-ils partager nos points de vue et se joindre à notre lutte ? Car il ne s'agit pas de présenter la lutte contre les discriminations, pour ceux qui la subissent, comme une opportunité. Il s'agit de leur présenter un choix de société, avec des difficultés, des incertitudes, des partages nécessaires. Car, sans perspective de réciprocité, la lutte contre les discriminations ne sert à rien....

 

J'ai donné quelques pistes. Je ne suis pas historien, je ne suis pas philosophe, je voudrais seulement que des historiens, des philosophes viennent nous expliquer avec éloquence et maîtrise de leur sujet, pourquoi nous en sommes venus à penser que la lutte contre les discriminations est légitime et est faites pour construire une société de paix partagée, de paix durable... Car on oublie de se souvenir que la paix est fragile... On oublie que l'Histoire a prouvé que la paix ne dure jamais longtemps...

 

Mais bien sûr, sans cette journée d'études et de sensibilisation, ces réflexions n'auraient pas eu lieu...

 

Comme quoi ces journées seront toujours nécessaires et j'en remercie vivement les organisateurs et les intervenants.

 

 

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