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FRONTIERES

Ce soir les rues sont vides Il y a dans l’air comme un vilain parfum de télé Parfum de vide rempli, parfum fétide d’esprits qui somnolent, de liens qui s’étiolent, de pensées qui se nivellent Ce soir dans les rues dans les bars, même pas un drame, un braillement d’âme Ce soir pas de jeux de vilains, pas de pas de dames, même pas un jeu de basse qui dépasse les décibels autorisés. Ce soir un vent de télé souffle sur la ville, un vent atomisé, un vent anesthésié, un vilain vent d’ouest, ennuagé. Ce soir un vent de télé souffle sur la ville, un vent d’enfermement, un vent d’isolement, un vent de suicide pesant sur la tête des hommes des femmes et des adolescents.
J’ressens comme une frontière J’ressens comme une frontière
Ce soir comme tous les soirs un nuage de tension pèse sur le monde Une vilaine toile noire, de liens en temps réel, qui trame des affaires aux sommes à faire pleurer. Plus d’homme universel aux droits individuels, plus de souveraineté pour les êtres isolés. Ce soir comme tous les soirs, sur les villes du monde, sur les têtes des vivants, hommes femmes et enfants, une toile cynique impose sa métrique aux cours mondialisés, aux bourses stratégiques. Quelle parole pourrait-elle peser encore, quel cri porterait-il ? Inutile de hurler pour des prunes, c’est râpé. Tous les discours se mêlent/ dans la poubelle/ des e-mails.
J’ressens comme une frontière J’ressens comme une frontière
Je fais de la chanson française pour marier les styles, marier les origines, - Mariages, pas « variétés ». Mariages mixtes de préférence, entre le noir et le blanc, entre l’Est et l’Ouest, l’apatride et l’immigré. Mettre un vent de large dans les pensées, partir avec les migrateurs, s’envoyer en l’air, pas croupir dans les chaumières. J’aime pas bien les clameurs, les pensées pré-conditionnées. J’aime pas les chants de tribunes, les cris de guerre, les appels des bergers, les paroles sectaires. J’aime les chansons qui plongent dans le nerf de la guerre, celles qui dansent sous la glace, qui cassent les vitrines, les chansons sous-marine. J’aime les intracellulaires, les chansons qui vont, au fond, repêcher les victimes, mettre juillet en hiver, briser les chaînes intimes et passer les frontières.
Passer les frontières… Passer les frontières… Passer les frontières… © Philippe B. Tristan - Besançon, octobre 2003

 

 

 

 

 

 

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